Décembre 10, 2025

Allocution prononcée par le Secrétaire exécutif de la SADC, Son Excellence M. Elias M. Magosi à l'occasion de la commémoration de la campagne « 16 jours d'activisme contre la violence à caractère sexiste »

La Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) se joint à la communauté internationale et régionale pour s'élever contre la violence basée sur le genre (GBV) sous toutes ses formes lors de la commémoration de la campagne 16 jours d'activisme contre la violence basée sur le genre qui se déroule chaque année du 25th novembre au 10th décembre. Le thème de cette année, « Mettre fin à la violence numérique à l'égard des femmes et des filles », souligne que la violence numérique est une forme émergente et en pleine évolution de la violence à caractère sexiste, à laquelle les femmes et les filles sont confrontées sous diverses formes, telles que le cyberharcèlement, les menaces et le harcèlement en ligne, le partage non consensuel d'images intimes, le harcèlement en ligne et bien d'autres encore. Pour les femmes et les jeunes filles, la violence numérique est souvent synonyme de perte d'estime de soi et de retrait des espaces en ligne, ce qui prive des milliers de femmes et de jeunes filles des possibilités offertes par les plateformes en ligne. L'impact de la violence numérique sur les femmes et les filles nous rappelle que la sécurité numérique est au cœur de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes.

La lutte contre la violence numérique passe, entre autres, par la reconnaissance juridique de cette violence dans nos États membres, le renforcement de la réglementation du secteur technologique et une responsabilisation claire des plateformes technologiques et des sites de réseautage social. Partout dans le monde, on reconnaît de plus en plus l'impact négatif de la violence numérique sur les femmes et les jeunes filles. La SADC salue l'adoption de la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies (ONU) sur la violence à l'égard des femmes dans les environnements numériques en 2024, dans laquelle elle exhorte les États à prendre des mesures immédiates et efficaces afin de prévenir et d'éliminer la violence numérique et de renforcer la réglementation et la responsabilité des plateformes en ligne. Nous saluons également l'appel lancé en 2024 par la Commission statistique des Nations Unies en faveur de l'élaboration de méthodes mondiales permettant ainsi de recueillir des données sur la violence sexiste facilitée par la technologie, signe d'une évolution vers des politiques de lutte contre la violence sexiste reposant sur des données probantes. 

Au niveau continental, l'adoption de la Convention sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes et des filles par l'Union africaine en février dernier marque une étape importante dans nos efforts de lutte contre toutes les formes de violence sexiste, y compris la menace en pleine évolution de la violence numérique. 

La SADC reste déterminée à éliminer la violence à caractère sexiste, qui constitue l'une des principales priorités de son programme d'intégration régionale, comme en témoigne son Plan stratégique indicatif régional de développement pour 2020-2030. La loi type de la SADC sur la violence sexuelle et sexiste sert également de référence dans le renforcement des législations nationales afin de lutter efficacement contre la violence sexuelle et sexiste facilitée par la technologie (TFGBV). 

L'évaluation à mi-parcours de 2024 de la Stratégie et du cadre d'action de la SADC en matière de lutte contre la violence à caractère sexiste (2018-2030) a identifié la violence numérique comme une question émergente. Bien que cette forme de violence sexiste soit de plus en plus reconnue, de nombreuses législations de la région de la SADC ne comportent toujours pas de dispositions intégrales. Nous félicitons l'Angola, le Botswana, le Lesotho, le Malawi, l'île Maurice, l'Afrique du Sud, la Zambie et le Zimbabwe d'avoir pris des mesures pour lutter contre la violence numérique en adoptant une législation appropriée, en utilisant des outils numériques, en élaborant des stratégies nationales et en mettant en place des services de soutien. Face à l'impact négatif croissant de la violence numérique, qui touche particulièrement les femmes et les filles, il est impératif de mettre en place un cadre d'action complet permettant de lutter contre cette forme de violence, de renforcer un environnement législatif et politique favorable et d'orienter les forces de l'ordre et les prestataires de services.

Du 25 au 28 novembre 2025, la SADC a accueilli en Afrique du Sud le Forum consultatif régional sur l'engagement des hommes et des garçons dans la prévention de la violence sexiste et du VIH et la promotion de la santé sexuelle et reproductive. Au cours de ce forum, qui a été lancé en même temps que les 16 jours d'activisme, les experts ont reconnu que la violence à caractère sexiste est une urgence en matière de droits humains qui requiert une action de la part de toutes les parties prenantes.  Le forum a rappelé l'importance de mobiliser les hommes et les femmes, les garçons et les filles afin de soutenir les efforts visant à promouvoir l'égalité des genres et à prévenir la violence à caractère sexiste. 

La campagne « 16 jours d'activisme contre la violence sexiste » lancée cette année constitue un moment crucial pour les États membres afin d'adopter et d'appliquer des législations criminalisant la violence numérique, de protéger les informations personnelles et de renforcer la responsabilité dans le secteur technologique. Il incombe aux entreprises et aux parties prenantes du secteur technologique de se joindre à nos efforts collectifs en vue d'éliminer la violence numérique, en supprimant les contenus préjudiciables et en garantissant la sécurité des plateformes en ligne pour tous. J'invite également les membres de la communauté à continuer de s'exprimer, à soutenir les survivants et à remettre en question les masculinités toxiques et les normes en ligne. Unissons nos efforts en faveur d'une région exempte de violence sexiste, où les hommes, les femmes et les filles peuvent participer pleinement et librement et tirer le meilleur parti des immenses possibilités offertes par les plateformes numériques.